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La CFDT cultive ses jeunes pousses à tous les étages

Publié le 26/07/2017

Après les rassemblements Effervescence(s) organisés par la Confédération, l’initiative se décline dans certaines régions et fédérations. Ces rassemblements de jeunes militants de moins de 36 ans font émerger une belle énergie… et beaucoup de nouveaux talents.

« Un vrai bain de jouvence ! » Nathalie Canieux, la secrétaire générale de la Fédération Santé-sociaux, a emmagasiné l’énergie communicative du groupe de 40 jeunes réunis du 27 au 29 juin à Bierville (Essonne) pour le rassemblement Émergence. Ces jeunes militants de moins de 36 ans souhaitant s’investir davantage dans l’organisation ont été repérés par leur syndicat. Rien d’étonnant quand on voit, dans les plénières et les ateliers, leur maturité, leur volonté de faire évoluer l’image du syndicalisme et leur souhait de participer concrètement à faire bouger les choses autour d’eux, dans leur service, leur entreprise, leur section ou leur syndicat. C’est d’ailleurs au cours de ce rassemblement que le nouveau groupe fédéral jeunes (GFJ) a été élu, prenant le relais du tout premier groupe Jeunes de la fédération, créé en 2013. Composé de 17 membres (8 femmes et 9 hommes), il va travailler sur les thématiques jeunes lors de la prochaine mandature.

Faire émerger les talents

Émergences pour les jeunes Santé-sociaux, Éveillance pour l’Union régionale Centre-Val de Loire, après l’Effervescence(s) confédéral : quelle que soit l’appellation de ces rassemblements, il s’agit bien de décliner ou de poursuivre la dynamique de renouvellement générationnel à l’œuvre dans l’organisation, en vue de faire émerger de nouveaux talents et d’encourager la prise de responsabilités. Plusieurs ont eu lieu ces dernières semaines : en Languedoc-Roussillon le 13 mai, en Nouvelle-Aquitaine du 12 au 14 juin à La Rochelle, en Île-de-France du 20 et 22 juin à Paris. D’autres se tiendront dans les prochains mois (lire l’encadré). Chaque rassemblement a ses spécificités. En Languedoc-Rousillon, où le rassemblement a tenu ses promesses avec une bonne trentaine de participants, il avait été proposé aux syndicats de venir en binômes : un nouvel adhérent de moins de 36 ans accompagné d’un militant expérimenté de plus de 36 ans. Au cours des ateliers, les binômes se sont recomposés, unissant un ancien d’un syndicat avec un jeune d’un autre syndicat, afin de nourrir des échanges fructueux. L’équipe de la future Uri Nouvelle-Aquitaine avait, quant à elle, fait le choix d’organiser un congrès à blanc avec ses 40 jeunes participants, nouveaux élus pour la plupart. Répartis en trois syndicats factices, ils se sont exercés aux débats d’amendement, au vote d’une résolution, etc. Une bonne préparation en vue du congrès de la future grande union régionale, qui aura lieu en décembre. « L’objectif était de les former pour les inciter à être au maximum acteurs pendant le prochain congrès. Qu’ils ne viennent pas simplement parce qu’ils sont jeunes. Et, franchement, la dynamique a été excellente ! », se félicite Grégory Gaudel, secrétaire régional chargé des jeunes à l’Union régionale Aquitaine. Et parce que le syndicalisme est aussi une affaire de convivialité, la bonne cohésion d’équipe a été encouragée par une sortie en catamaran sur l’océan…

Les jeunes émergents Santé-sociaux se sont, eux, frottés aux exercices pratiques en ateliers-forum animés par des comédiens afin de s’aguerrir face à des problématiques telles « Comment faire émerger une revendication ? », « Comment créer un rapport de force pendant une réunion ? », « Comment aller voir des salariés pour leur proposer une réunion ? ». Une façon très efficace de travailler concrètement ses pratiques syndicales. Le participatif a aussi été retenu (et plébiscité) pour l’Effervescence(s) d’Île-de-France, événement auquel participait la secrétaire nationale Inès Minin, notamment durant la journée consacrée au développement. Lors de ce Lab-adhésion, la vingtaine de participants a planché sur des projets réels de développement comme une enquête Flash sur les pratiques culturelles des jeunes et un projet de préadhésion. « On a voulu éviter le laïus politique, qui laisse l’auditoire passif, et plutôt proposer une démarche participative, qui les implique davantage », explique Diego Melchior, secrétaire régional chargé du développement. Camille Argiewicz, consultante d’un cabinet de conseil en management parisien, et actuellement seule syndiquée de sa délégation unique du personnel (DUP), a été convaincue. « Cela m’a mise suffisamment à l’aise et, dès le lendemain, je suis allée voir les autres membres de la DUP pour leur proposer d’adhérer. Deux sur les onze semblent intéressées », explique la jeune femme.

La richesse des échanges

« Ça regonfle », « ça rebooste », « cela m’a donné envie de m’investir davantage »… Au sortir de ces rassemblements, même en cherchant bien, difficile de trouver des témoignages mitigés. Du côté des participants, l’enthousiasme est général. Tous reconnaissent les apports de ces sessions. Du point de vue personnel, bien sûr : ils soulignent la richesse des rencontres et des échanges avec des personnes d’horizons professionnels très divers. Mais surtout en matière de vie militante : « C’est une occasion unique de partager des infos, des connaissances, des pratiques », explique Rozen Gueguen, du Syndicat Santé-sociaux du Finistère et membre du premier GFJ. Pour tous, c’est l’occasion de tisser des liens et un réseau dans l’organisation. « On peut bénéficier du soutien du groupe quand on se trouve en difficulté », poursuit-elle. Politiquement aussi, les acquis sont indéniables. « Le fait de pouvoir échanger avec les responsables nationaux nous donne une meilleure compréhension des enjeux, des positions fédérales ou confédérales. On y gagne en crédibilité dans notre section », souligne François Gieux, lui aussi membre du GFJ. Mieux armés, plus « solides » (un terme que plusieurs jeunes emploient), davantage à l’aise avec et dans l’organisation, les jeunes militants prennent ainsi plus facilement leur place, osent proposer, se positionner, et insufflent des idées nouvelles. À l’image d’Aurore Teyssier, enseignante en lycée professionnel et membre du Sgen Aquitaine, adhérente depuis deux ans mais très « motivée pour s’impliquer davantage », qui a participé à l’Effervescence(s) de La Rochelle. « Ce rassemblement m’a donné plein d’idées, que j’ai envie de mettre en place désormais, comme les soirées afterwork destinées aux nouveaux adhérents. » Et de sa rencontre avec Nicolas, personnel ouvrier au Crous de Mérignac, est née l’idée d’un travail en binôme pour renforcer le développement sur les campus. Un projet qu’ils doivent bientôt présenter devant le conseil du syndicat Sgen Aquitaine. Le cosecrétaire de ce syndicat, Jean-François Bourdoncle, s’en réjouit. « Ces rassemblements sont des lieux de découverte, de formation, qui leur permettent de mieux appréhender les enjeux interprofessionnels. Et, au sein du conseil syndical, cela renforce le “g” de Sgen, c’est-à-dire notre approche large, non cloisonnée, du syndicalisme. »

Bien plus qu’un “supplément d’âme”

De nombreux responsables de syndicats en témoignent, l’arrivée de sang neuf apporte un renouvellement à de nombreux égards : énergie, idées, compétences… « Ils portent un nouveau regard, qui nous amène à nous réinterroger sur nos pratiques, indique Christelle Tisserand, secrétaire générale du Syndicat Santé-sociaux du Doubs. Comment communiquer, aller au-devant des nouveaux professionnels… Sur ces questions, les jeunes générations peuvent nous apporter une expertise que nous, “anciens” militants, n’avons pas forcément. » Laurent Berger, venu participer à un débat avec les jeunes Santé-sociaux d’Émergence, l’a rappelé : « Le renouvellement générationnel dans notre organisation est une nécessité. La présence de jeunes dans les structures ne doit pas juste être un supplément d’âme. »

epirat@cfdt.fr